|
ÉDITH PIAF : la voix, le geste, l'icône par Joëlle Deniot
|
C’est bien d’une anthropologie de la performance chantée dont il est question ; de la stylisation du personnage et de la personne d’Édith Piaf, à l’avènement de son iconicité. Une lecture inédite de la carrière de la chanteuse, décryptée de manière sociologique. Où l’auteur, Joëlle Deniot, s’attache à saisir les langages scéniques de Piaf, en la confrontant à d’autres grandes interprètes de la chanson française: Damia, Barbara, Juliette Gréco, Catherine Ribeiro.
|
|
|
|
> Commander le livre Edith Piaf - la voix, le geste, l'icône
Pour commander le live Edith Piaf, merci de
bien vouloir renseigner tous
les champs de formulaire
ci-dessous, puis cliquez sur
le bouton Valider. Vous
recevrez la confirmation de
votre commande par e-mail. L'envoi du livre est effectué dès la réception de votre règlement.
|
|
|
|
Joëlle Deniot sur les traces de
la chanson française
|
|
|
|
La
chanson française est
actuellement - chose neuve dans
le paysage musical ambiant -
l’objet de débats portés à
l’intérêt d’un grand public :
récente table ronde sur antenne
2,
récents articles dans les pages
culturelles du journal Le
Monde…
On peut seulement s’en
satisfaire, en voyant là le
simple signe d’un gain bien
mérité de reconnaissance et pour
un art qui fut si longtemps
intellectuellement dévalué et
pour la référence à une identité
nationale, historique qu’il est
pourtant politiquement correct
et prudent de passer sous
silence.
On peut au contraire
examiner tout ce bruit, cet
effort de visibilité dans
lesquels s’insère d’ailleurs
latéralement, l’actuelle
publicité autour du film « La
môme »,
consacrant la monumentalité de
Piaf, comme des simulacres
d’effervescence dont les
véritables enjeux restent à
décrypter en termes de conflits
sociétaux, autrement dit
engageant de façon décisive et
les institutions et les
collectifs et les personnes, au
sujet de la désubstantialisation
de la culture, et de l’art,
cette vibration subjective des
sociétés.
|
|
|
Au risque
d’exposer, de m’exposer donc,
sans prendre tout le temps
nécessaire à l’argumentation,
voici d’abord livrés en quelques
propositions, les cadres
perceptifs, interprétatifs de
mon élaboration de la chanson
française :
|
|
|
Il existe
une individualité
expressive de la chanson
française dont les
ressources symboliques
sont liées à deux traits
fondamentaux : d’une
part, la place tenue par
la littérature dans ce
pays, dans la formation
de son identité
nationale et d’autre
part le rapprochement
historiquement tissé,
longtemps maintenu entre
mobilisations populaires
et médium de la parole
chantée. Ces deux traits
qui ne sont pas
organiquement liés, ne
s’opposent pas non plus
systématiquement comme
en une structure
bipolaire mais
entretiennent entre eux
des rapports dynamiques,
ambivalents de
contiguïté et de
tension. |
|
|
|
|
|
Qu’elle
soit de facture plus
circonstanciée ou plus
poétique, la chanson
française s’apprécie à
l’aune d’une prééminence
affirmée d’un phrasé de
la signification,
sur les dimensions mélodiques et
rythmiques. Elle est un chanter
pour dire, tantôt le sens
partagé de l’événement, tantôt
les mots de l’indicible
affrontant la censure des
conventions, suggérant l’énigme
des sentiments, des silences. La
question de la langue des
chansons que soulève
immédiatement le syntagme de
« chanson française », se trouve
donc posée de façon
particulièrement aigue au regard
d’une signature chansonnière qui
met en avant l’image sémantique
de son message enchanté. |
|
|
|
|
|
Dans un
univers de musiques
amplifiées plus
mondialisées que
populaires, où la part
langagière des répertoires
est nécessairement réduite,
l’horizon général d’attentes
d’une réflexivité
des chansons est en France,
suffisamment fort pour que l’on
puisse parler, pour la période
contemporaine, à côté des
performances de strict
entertainement, d’une sorte
de division du «
marché sémantique » de la
parole chantée dégageant
distinctement trois mondes :
|
celui de la
chanson
française à
vocation
classique ou
surannée, c’est
selon, de
transmission
d’une mémoire et
de réactivation
d’attachements
culturels ; |
|
|
|
celui de la dite
nouvelle scène
française à
tonalité proche
des thèmes de la
post ou de la
néo modernité ; |
|
|
|
celui du rap s'auto
désignant comme conscient,
tourné résolument sur une
actualité de la révolte,
elle-même largement ethnicisée. |
|
|
|
|
|
|
La notion de « Chanson
Française » est aussi une
catégorie esthétique. Cette
notion porte la marque d’un
idéal de sublimation de la
chanson jusqu’à la dignité,
jusqu’à l’éclat d’une poésie
orale, entendue comme forme
courante et populaire du poème
toujours incarné en un lieu, une
silhouette, une voix. Cette
recherche de stylisation se rode
à l’aube du 20° siècle, connaît
son âge d’or dans l’après
seconde guerre mondiale ;
période durant laquelle une
sorte d’exception française de
la chanson se confirme jusque
dans les années soixante.
Au-delà mais aussi à travers
des interprètes-phares comme
Edith Piaf, Yves Montand, à
travers des auteurs compositeurs
comme Charles Trenet d’abord,
puis Jacques Brel
ou Léo Ferré ou Juliette Gréco,
la chanson française accède au
statut d’un universel qui
désormais, n’a plus vraiment
d’existence dans l’espace
mondialisé et morcelé des
productions musicales. |
|
|
|
|
|
La notion
de « chanson française »
liant une forme et une
langue est actuellement
passée de la
« religion » d’une
catégorie esthétique à
la logique pragmatique
du label.
On peut, pour suggérer cela, ne
prendre qu’un premier indice,
celui des distributions par
étiquetages dans les bacs. Les
estampilles de « chansons de
variétés » et « chansons
françaises » fluctuent pour un
même interprète ou un même
compositeur à quelques années de
distance.
Ce déplacement de désignation et
donc celui de symbole attaché à
un répertoire, enregistre et
signale à la fois le degré de
patrimonialisation auquel ce
dernier est parvenu, ou tend à
parvenir.
A l’empreinte d’un
style tend ainsi à se substituer
l’empreinte de la durée, donnant
alors à cette dénomination,
l’allure toujours un peu glacée
d’un temps retrouvé.
Angoisse du temps dans le
kaléidoscope des modes qui
mènent le monde de la
marchandise. Angoisse de
l’identité dans les
indifférenciations prescrites –
l’art et la culture étant
devenus plus que jamais de
véritables opérateurs
idéologiques d’uniformisation.
La relance soudaine,
ostentatoire de la chanson
française,
y sonne faux ; Elle sonne aussi
comme la tentative un peu vaine
de réenchantement d’un univers
socialement désenchanté. |
Le travail de recherche actuel de Joëlle
Deniot sur la
chanson française réaliste et de sa voix chantée
pose de manière particulièrement aiguë
les limites du dire analytique et la
question de la restitution d'une telle
approche par la seule ressource du
concept. Il y a, dans ce cas, d’une part
à libérer un dire de la pensée
métaphorique et d’autre part à tisser
des supports : texte, image et son,
susceptibles de s’entendre pour mieux
raconter ce chemin de la chanson
française réaliste à
l’imaginaire du chant en général, à
l’imaginaire de ces voix, qui
chantant leur mal finissent par
l’enchanter. Ce site s’inscrit dans
ce désir et cet essai d’écritures
croisées.
Répertoire des textes de la
chanson française
|
En suivant ce
répertoire, découvrez les articles et
les textes sur la chanson
française :
|
|
Les références des montages
iconographiques insérés dans ces textes
seront mises en ligne prochainement et
les images reprises sous forme de
planches photographiques
récapitulatives.
Des illustrations sonores des chansons
populaires les plus significatives seront
également prochainement installées sur
le présent site web dédié à la chanson
française.
|
Joëlle DENIOT
Professeur de Sociologie à l'Université de Nantes,
membre nommée du CNU.
Droits de
reproduction et de diffusion réservés ©
|
|
|
|
Sites amis - Chansons
|
|
Contact auteur |
|
|
|
|
Joëlle DENIOT
25, bouleverd van
Iseghem
44000 - Nantes |
|
|
|
|
02 40 74 63 35 |
|
|
|
|
|
|
|